Le nouveau livre d’Elisabeth Badinter, « Le conflit, la femme et la mère », fait couler énormément d’encre, dans les médias, sur la toile. Chacun y va de son avis, souvent tranché, et c’est assez logique vu à quel point ces sujets sont épidermiques.
Je ne donnerais pas le mien, je pense que mes articles ont déjà bien dit ce que j’en pensais.
Non, j’ai envie de parler de celles qui pour moi, représentent totalement le féminisme aujourd’hui. Ces femmes qui se dressent, fortes et puissantes, dans leur beauté de femmes, de mères, et qui font entendre leur voix.
Je crois n’avoir jamais rencontré plus féministes que chez mes sœurs Doulas. Je pense à Charlotte, Pascale et Valérie (pour les citer dans l’ordre alphabétique), des femmes qui ont pris leur vie en main, qui bien souvent ont quitté un homme, refait leur vie avec un autre, ont allaité, ont materné, ont accouché chez elles. Elles se battent au quotidien pour faire respecter les choix des autres femmes, pour rendre possible plus d’humanité, et ce, pas seulement dans le domaine de la naissance.
Je pense à Marie, qui en plus d’être maman de deux enfants, militante écologiste, allaitante, animatrice d’ateliers parents/enfants, étudiante en histoire de l’art (entre autre), est aussi une amazone du sexe, et féministe convaincue.
Je pense à Elisa, qui a allaité longtemps son fils, fait son potager bio, des arts martiaux, a créé une boutique qui vend des objets fabriqués par des femmes au Nepal et qui permettent donc de faire vivre des familles là bas, grâce à l’énergie féminine, et qui collait des affiches durant la nuit lors des élections présidentielles.
Je pense à Solenn, qui a quitté son mari avec son enfant sous le bras, pour vivre un autre amour, qui fait sa maison en autoconstruction, habillée en tenue de chantier, et qui danse comme une déesse.
Je pense à toutes ces femmes qui, pleine de l’énergie insufflée par la maternité, reprennent des études, créent leur emploi, et réinventent leur vie.
Je vois énormément de femmes créatrices d’entreprises, qui évoluent dans la sphère du maternage. Elles ouvrent leur boutique de couches lavables, fabriquées par elles, comme Naomi, elles créent une maison d’éditions, comme Dali, elles ouvrent une boutique de produits éthiques comme Véronique, ou se battent pour trouver un statut qui leur permette de conjuguer plusieurs passions comme Isabelle.
Elles sont chefs d’entreprises, mères, allaitantes, et pourtant, tellement femmes, tellement féminines.
Elles ne s’appuient pas sur des hommes pour avancer, mais sur des femmes, le cercle de femmes qui les entourent, celui qu’on bâtie toutes, les réseaux, les associations, les amies, les sœurs de cœur…
Elles ont choisi un courant différent. Mais ça n’en fait pas moins des vraies féministes, non pas des femmes asservies par leur homme, leurs enfants ou leur maternité. Elles s’en nourrissent au contraire et y puisent l’énergie de faire plus pour leur reconnaissance personnelle et la reconnaissance des femmes en général.
Car voici la définition du féminisme selon Wikipédia:
Le féminisme est un ensemble d’idées politiques, philosophiques et sociales cherchant à promouvoir ce qu’il considère être les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile.
Les féministes cherchent à faire progresser les femmes dans leurs contextes sociaux, politiques et économiques, mais également dans la perception qu’elles ont d’elles-mêmes. Ils défendent l’idée que « le personnel est politique » et font avancer la cause des femmes en les aidant à se structurer en tant que personnes autonomes, capables de gérer leur propre corps et, de façon plus générale, toutes les dimensions de leur vie.
Alors quand on dit qu’accoucher naturellement, sans péridurale, c’est vouloir souffrir, nous disons, non. C’est vouloir qu’on respecte notre corps, qu’on ne vienne pas nous visiter tellement de fois, qu’on ne coupe pas notre sexe sans raison (quel homme accepterait ça ??).
Tout comme l’allaitement, nous voulons jouir de notre corps, et ne plus dépendre des autres. Nous voulons sentir notre puissance de femme, et ne plus entendre les hommes nous dire que nous ne sommes pas capables.
Mon corps alors, a été mon instrument, lors de la naissance, lors du portage, lors de l’allaitement. Personne ne l’a malmené, jamais je ne me suis sentie comme de la viande, je me suis sentie forte et compétente.
Je ne me considère pas mieux que les autres, aucune des femmes citées ne le pense. Je considère mes choix comme bon pour moi, comme valorisant pour la femme que je suis, tout comme d’autres choix doivent l’être pour une autre femme.
Je demande juste le droit qu’on respecte ces choix, puisque tous les choix sont respectables, qu’on respecte ces femmes qui font tellement pour les autres femmes, qui sont pour moi les nouvelles féministes.
Qu’on respecte toutes les femmes.
Liens des associations et boutiques citées : http://www.doulas.info http://lechoalternatif.over-blog.com/ http://kokikil.fr/ http://kerbiloute.over-blog.com/ http://www.ideal-nature.fr/ http://editionsduhetre.fr/ http://www.grainedecolo.com/ http://www.bestiolworld.fr/
Merci à Isabelle pour la rapidité du dessin, toujours très original, qu’elle a fait pour cet article ♥
Louve
16 février 2010 at 2 h 45 min (11 années il y a)Pfiouuu, comme Maud, il donne la pêche ton article. Emouvant tout plein.
Merci ma belle *3*
Celine
16 février 2010 at 2 h 59 min (11 années il y a)Merci Claire pour ces mots si justes…
Isa/Bestiole
16 février 2010 at 3 h 52 min (11 années il y a)merci à toi miss de toujours trouver les sujets qui nous touchent, nous portent, nous encouragent ^^
NB: à celles qui se poseraient la question, le truc qui ressemble à un cactus c’est le « rabbit » de Claire!! ça pourrait être une private joke mais même pas, ça fait partie d’après moi des « attributs » que peut avoir une femme/mère moderne et bien dans son époque (ce qui ne veut pas dire que celles qui n’en ont pas sont à la ramasse cela va sans dire!!! ^o^)
cecile
16 février 2010 at 6 h 33 min (11 années il y a)Merci Claire pour cet article!
Karen
16 février 2010 at 9 h 49 min (11 années il y a)Super article: Il faut se battre au quotidien pour devoiler la verite au monde que les femmes n’ont pas qu’un chapeau unique a porter: coquine ou pin-up ou maman ou epouse ou salope ou soumise ou championne ou jardiniere ou accompagnatrice ou chic fille….mais flexible, puissante, emotionelle et magnifiquement interessante
Julie (le petit monde de julie )
16 février 2010 at 9 h 59 min (11 années il y a)bravo pour ce texte Claire! Je sens une force m’envahir à la lecture de ce texte! merci 🙂
Julie (le petit monde de julie )
16 février 2010 at 10 h 00 min (11 années il y a)oups il a gardé les infos de mon blog! j’avais pas vu!
Naomi
16 février 2010 at 10 h 44 min (11 années il y a)Oh Claire!
Même si tu avais connu l’histoire de ma vie, tu ne saurais pas si bien la résumer! Tout simplement MERCI pour cet article…
p'tite fleur de bitume
16 février 2010 at 11 h 44 min (11 années il y a)Merci …
Merci d’avoir pu mettre en mots ce que je ressens depuis cette déferlante médiatique sur ce bouquin
Merci de mettre en mots ce que nous sommes en effet nombreuses à vivre …
Merci !
Maud
16 février 2010 at 12 h 20 min (11 années il y a)Claire….. pfiouuuuuu, j’ai pas de mot, que des larmes, mais des larmes positives de lire ces mots, tu es de ces femmes que j’admire, de ces femmes qui portent le monde !!!!!
Flore
17 février 2010 at 4 h 47 min (11 années il y a)Chère Claire,
merci de mettre en mots si justement ce que nous sommes tant et tant de femmes à vivre et souhaiter vivre aujourd’hui
Merci
Flore
d'Erm
17 février 2010 at 9 h 36 min (11 années il y a)Je vous invite à consulter notre texte « Vertes de Rage », sur les femmes et l’écologie.
sur le site de femininbio.com par exemple
Yael
18 février 2010 at 10 h 41 min (11 années il y a)Super article, Claire ! Il exprime bien ce que beaucoup d’entre nous ressentent. Comment notre maternité nous a ouvert les portes de la féminitude (pour reprendre le terme de Monique Grande)…
Et un gros coup de coeur pour le dessin de Bestiol ! Cette super-maman semble tout droit sortie d’un album de Marvel (cette fois, je ressens plus l’héritage comics que manga) avec une héroïne aux formes pulpeuses… Pour les féministes des années 70, ces wonder-mamans sont probablement des mutantes dangereuses. Elles ne voient pas qu’elle sont au contraire des héroïnes.
mlk
21 février 2010 at 12 h 30 min (11 années il y a)En promenade, j’en profite pour te saluer et trouve ton article interpellant
je suis une femme éduquée à ce féminisme mais déjà nous étions toutes très différentes et je me permets de te conseiller un merveilleux livre
« femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estès
je pense que tes nouvelles féministes et toi vous y retrouverez, comme moi, vieille féministe, tant nous sommes multiples et multipliées
liline
23 février 2010 at 11 h 39 min (11 années il y a)Désolé je vais mettre un coup de pied dans la fourmilière. Je suis la fille d’une féministe de la première heure, un mode de féminisme qui pour moi est simplement fasciste. J’ai grandi sous une coupe quasi dictatorial où la figure paternel n’a pas sa place pourtant mon père était là mais n’avait simplement pas son mot à dire. Je peux vous dire que c’est difficile de se construire dans un cas comme ça; à 28 ans je commence à peine à m’en sortir. Et c’est mon mari qui m’a beaucoup aidé. Je me suis marié à 23 ans, une horreur pour ma mère qui ne nous a pas élevé comme cela. Mais j’ai trouvé en lui un soutien énorme, il me respecte en tant que femme et égale, une moitié dont j’aurai beaucoup de mal à me passer. Alors quoi, je suis une femme soumise? Non, je suis féministe mais de ce féminisme castrateur qui à créer une génération d’adulte qui aujourd’hui ont du mal à trouver leur repère, notamment au niveau des jeunes hommes qui ont le choix entre le modèle du mâle dominant abjecte ou de l’homme soumis.
Anne
8 mars 2010 at 9 h 52 min (11 années il y a)très bien écrit!
merci pour cet article!je partage!
laciboulette
15 mars 2010 at 12 h 10 min (11 années il y a)Effectivement, je trouve qu’il y a confusion avec envie de naturel et retour en arrière. C’est dommage.ça m’a inspiré un billet :
http://www.laciboulette.org/article-8-mars-journee-internationale-de-lutte-des-femmes-46269818.html
Dans tout les cas, il faut arrêter de culpabiliser les femmes quelques soient leur choix.
J’ai utilisé les couches lavables, l’écharpe de portage. J’ai allaité (seulement 4 mois, mais j’aurais aimé le faire plus longtemps), et je me sens féministe. Les couches lavables, on l’a utilisé à 2, mon homme et moi. Ce qui n’était pas le cas de nos grands mères.
Roccabianca
17 avril 2010 at 12 h 10 min (11 années il y a)Merci pour ce très bel article, Claire 🙂
Sealeha
9 mai 2013 at 4 h 11 min (8 années il y a)Je suis complètement d’accord avec toi… Je ne me suis jamais sentie plus vulnérable et impuissante que pendant mes deux césa… Et je ne me suis jamais sentie plus fière, alors que beaucoup dénigraient mon choix, que pendant l’allaitement de mes deux petits (2 ans et 8 mois pour la première, 3 ans et 9 mois pour le second dont 1 an de co-allaitement)… Alors les images des femmes soumises parce que maternantes, je ne partage pas du tout.
Claire
9 mai 2013 at 4 h 11 min (8 années il y a)Je comprends très bien ce que tu veux dire Sealeha ♥
Nina
14 juillet 2014 at 13 h 10 min (7 années il y a)Merci pour ce lien Claire ! très bon article ! ♥
Claire
15 juillet 2014 at 22 h 36 min (7 années il y a)Merci à toi Nina ♥